Pourquoi les agriculteurs ont-ils voulu lancer un label sur l’ACS ?

Depuis des années, les agriculteurs pionniers de l’ACS font beaucoup d’effort pour allier l’acte de production à l’acte de protection. Ils produisent sur leurs fermes des services environnementaux (+ de biodiversité, + de carbone stocké, - d’érosion, - d’utilisation de produits phytosanitaires, etc..) et ce sans valeur ajoutée supplémentaire associé à leur acte de production.

Nous avons voulu permettre la reconnaissance de ce système agricole à travers un label qui certifie notre mode de production, qui le rende transparent pour tous.

Ce label permettra d’assoir des paiements pour services environnementaux ou des valorisations économiques de production, avec le soutiendes acteurs des territoires et des acteurs des filières.

Il était fondamental pour nous que cette valorisation économique de notre mode de production soit entre les mains des agriculteurs et non entre les mains des acteurs de l’aval de la chaine agricole.

Cette ambition nous semblait pertinente non seulement avec les encouragements du Président de la République suite aux Etats Généraux de l’Alimentation (2019 - Augmentation de la valeur ajoutée, structuration de filière de qualité...), avec les négociations en cours au niveau de la PAC (Eco schèmes) mais aussi avec le contexte agricole morose et la défiance qui s’installe progressivement entre les agriculteurs et les citoyens.

Ce label nous semble un levier pertinent pour réconcilier agriculture et environnement, agriculteurs et citoyens.

Pourquoi un label supplémentaire parmi tous ceux déjà disponibles ?

Ce label est un label d’agriculteurs, pensé et mis en place par les agriculteurs eux-mêmes. Il vient reconnaître la ferme dans son ensemble. Il n’a pas pour vocation première d’être apposé sur un produit, mais bien d’identifier les fermes qui pratiquent une agriculture plus durable. Il est le seul label dédié à l’Agriculture de conservation des sols dans sa définition internationale : non travail du sol (semis direct sous couvert végétal, couverts végétaux permanents, diversité des espèces cultivées).

Quelles différences avec d’autres labels ou cahiers des charges établis par les acteurs des filières ?

Nous ne sommes pas du tout dans une démarche « produit ». La valorisation de nos pratiques via un étiquetage produit pourra être une fin en soit, si la filière agro-alimentaire s’organise en conséquence ou si des agriculteurs labellisés se prennent en main, avec l’appui des équipes APAD mobilisées, pour transformer et distribuer des produits issus de leur ferme. Aujourd’hui, ça n’est pas le cas, ou alors de façon très anecdotique : la majorité de ce qui est produit sur nos fermes en ACS (blé, orge, colza, lait etc…) est « mélangée » avec les matières premières issues de fermes conventionnelles et est vendue selon le même circuit et le même prix. Nous n’avons aucune valeur ajoutée pour les efforts faits et les services environnementaux produits.

Ce qui nous tient à cœur, c’est à termes que nos productions puissent être valorisées, mais en partant de notre réalité de terrain à nous, de nos pratiques. Et pas des cahiers des charges imposés aujourd’hui aux agriculteurs par le monde de l’agro-alimentaire et de la distribution, ou même par l’Etat.

Le fait que le label appartienne à des agriculteurs, en copropriété, est à notre connaissance une innovation par rapport aux labels existants.

Quels sont les engagements des agriculteurs à travers ce label ?

Les agriculteurs s’engagent dans une démarche de progrès permanent, en lien avec les enjeux environnementaux, les besoins de la profession agricole et les attentes sociétales.

Cela consiste évidemment en priorité à mettre en œuvre les 3 piliers de l’ACS : ne pas labourer ni travailler les sols, ne jamais les laisser nus, favoriser le plus d’espèces cultivées possibles

Nous avons voulu partir de la réalité de terrain des agriculteurs qui sont déjà engagés dans ce système agricole, avec réussite. Nous n’avons pas cherché à imposer de nouvelles contraintes, ou inventer des règles qui n’auraient pas de sens pour nous, agriculteurs.

Nous avons aussi pris en compte les contraintes exceptionnelles qui s’imposent parfois à nous, pour ne pas imposer des règles qui mettraient en risque économique, sanitaire ou environnemental les agriculteurs engagés.

Pour donner encore plus de sens à cet engagement, nous avons pensé ce label dédié à l’ACS comme un permis à point, qui associe d’autres leviers de réussite agronomique ou environnementale :

  • N’utiliser des produits phytosanitaires qu’en cas de besoin (risque d’infestation de mauvaises herbes, d’insecte ou de maladie des plantes).
  • Favoriser autant que possible des éléments agro-écologiques (haies, bandes fleuries, ruches, nichoirs etc..).
  • S’investir dans une démarche de progrès permanent, avec de la formation continue sur un territoire, et le pilotage en groupe d’indicateurs de résultats (test bêche, taux de matière organique...) auprès des associations locales d’agriculteurs.

Enfin, nous avons souhaité intégrer une dimension collective, visant à reconnaitre l’importance des échanges avec d’autres agriculteurs, les acteurs des territoires, les citoyens. 

Tous ces engagements nous ont semblés importants à la fois pour la réussite du système mais aussi pour réconcilier agriculture et environnement, agriculture et citoyens.

Quels sont les engagements des agriculteurs labellisés par rapport aux utilisations de produits phytosanitaires ?

Les agriculteurs labellisés s’engagent à n’utiliser les produits phytosanitaires que lorsque cela s’avère nécessaire. C’est évident pour beaucoup d’agriculteurs, et c’est ce qui est déjà pratiqué massivement dans nos réseaux : aucun agriculteur n’utiliserait des produits phytosanitaires si cela n’était pas nécessaire.

Mais si c’est évident pour nous, agriculteurs, ça n’est pas forcément compris par nos interlocuteurs. Il nous a donc semblé important de le faire clairement apparaître dans notre référentiel.

Les agriculteurs labellisés s’engagent également à se former, pour utiliser les produits phytosanitaires à bon escient et dans de bonnes conditions. Nous n’avons pas souhaité mettre un engagement sous forme d’un IFT par exemple, ça n’est pas notre philosophie : chaque agriculteur doit pouvoir utiliser les outils autorisés pour permettre la réussite de ses récoltes.

Dans le référentiel à respecter pour obtenir le label, nous avons intégré un objectif de seuil du coût des intrants dans le produit d’exploitation et la nécessité de se former sur l’utilisation des produits phytosanitaires.

Donner un chiffre précis, par exemple en retenant l’IFT, n’aurait pas eu de sens pour les agriculteurs. C’est la démarche de progrès qui nous intéresse.

La réduction des utilisations des produits phytosanitaires est une suite logique de la mise en œuvre réussie de l’ACS. Elle n’en est pas un objectif en soi. On constate que les agriculteurs de nos réseaux, parce que leur sol est en meilleur santé et a retrouvé des mécanismes de régulation naturelle, n’utilisent pour certains plus ou très peu d’insecticides et de fongicides. Toutefois, ils doivent pouvoir avoir accès à ces produits selon les années, le niveau d’infestation ou de maladie. Afin de sécuriser leur rendement et donc la viabilité de leurs fermes.

Qu’est-ce que ce label apporte aux agriculteurs ?

Très bientôt, grâce à la mobilisation de l’APAD, des associations locales de l’APAD et des agriculteurs labellisés eux-mêmes, ce label permettra aux agriculteurs de faire reconnaitre les services environnementaux rendus sur leurs fermes aux acteurs du monde économique, aux acteurs du territoire.

Il donnera un cadre à des valorisations économiques ; l’espoir que l’on porte, confirmé par de nombreux échanges depuis ces dernières années avec différents acteurs, c’est qu’un blé ACS puisse bientôt être vendu plus cher qu’un blé non ACS.

Mais au-delà de cette approche produit, c’est une opportunité pour monter des projets de territoires avec des acteurs locaux qui souhaitent accompagner le développement de l’ACS, et rémunérer les agriculteurs pour les services rendus par les agriculteurs. On pense évidemment aux échanges de crédit carbone, pour les entreprises ou collectivités qui s’engagent dans la neutralité carbone. Mais également aux projets en lien avec la biodiversité, la qualité de l’eau etc...

Qu’est-ce que ce label apporte aux consommateurs ?

Nous ne pouvons pas pour le moment promettre quoique ce soit au consommateur, dans la mesure où il n’y a pas de filière agroalimentaire structurée pour nos productions. Le consommateur ne peut pas aujourd’hui identifier s’il consomme des produits issus de fermes en ACS, puisqu’il n’existe pas vraiment de filière dédiée.

Quelques produits transformés et vendus par des agriculteurs labellisés commencent à voir le jour avec le logo Au Cœur des Sols. C’est déjà un très beau début. Nous envisageons prochainement de mettre en place une plateforme qui permet de les identifier !

Au-delà de l’approche consommateur, ce label est source d’espoir pour les citoyens, qui s’interrogent sur l’agriculture, sur l’avenir des agriculteurs, sur l’impact des pratiques agricoles sur leur territoire, dans leur environnement immédiat.

Il permet de donner une vision optimiste de l’avenir des agriculteurs, en réconciliant agriculture et citoyens. Il joue sur la proximité relationnelle entre agriculteurs et citoyens qui finalement évoluent sur le même territoire mais ne se comprennent plus, se sentent en décalage.

  

Qu’est-ce que ce label apporte à l’Industrie Agro-Alimentaire ?

Les industries de l’agro-alimentaire sont en pleine évolution dans leur approvisionnement : la demande sociétale impose de plus en plus de produits français, locaux, durables. L’agriculture biologique se développe mais elle ne sera pas le modèle exclusif choisi par tous les agriculteurs et elle n’est pas suffisamment productive pour permettre une généralisation. Les industriels ont alors le choix entre se fournir ailleurs, pour vendre « bio », ou bien de trouver de nouvelles sources d’approvisionnement durables, productives, en ligne avec les enjeux actuels (réchauffement climatique, restauration de la biodiversité etc.)

L’ACS pourra être une réponse à la mutation qui s’opère. Le label leur permettra d’identifier les fermes vers qui se tourner, et permettra également d’enclencher un plus rapide développement de ce modèle agricole d’avenir.

 

Qu’est-ce que ce label apporte aux collectivités territoriales ?

Les collectivités territoriales sont engagées dans différents programmes pour agir positivement sur leur territoire : plan d’action territorial, plan d’alimentation, plan climat etc…

Elles sont à la recherche de solutions pour répondre à leur engagement de durabilité. Cela passe par l’investissement dans des nouveaux modes de transport, des nouvelles orientations pour leurs entreprises industrielles, etc. Mais cela peut également passer par l’appui au développement de nouveaux modes de productions agricoles.

Notre label est une opportunité pour elles pour atteindre par exemple leurs objectifs de réduction des GES, puisque que l’ACS permet non seulement d’émettre jusqu’à 40% de GES en moins mais aussi de stocker jusqu’à 46% de carbone en plus que l’agriculture conventionnelle. Nos sols deviennent des « puits » de carbone.

Les collectivités ont alors tout intérêt à encourager les agriculteurs à changer de façon de produire et à s’engager dans une transition vers l’ACS. L’un des leviers, c’est de les rémunérer pour les services rendus. Le label sera alors un socle, un cadre, facilitant la rémunération des agriculteurs par les collectivités.

Qu’est-ce que ce label apporte aux entreprises ?

En dehors des industriels de l’agro-alimentaire qui ont tout intérêt à s’approvisionner en matières premières issues de nos fermes en ACS (cf infra), ou d’enclencher la transition de leurs fournisseurs vers ce système agricole, tous les industriels sont aujourd’hui confrontés à des enjeux de responsabilité sociale et environnementale, ou à des enjeux de neutralité carbone.

Plutôt que de trouver des modalités de compensation de leurs émissions de carbone dans des projets à l’autre bout du monde, ils sont intéressés par agir au plus près de leur territoire.

Ils peuvent alors trouver le cadre du label ACS pertinent pour compenser le carbone émis par leurs usines/activités dans une région française donnée en achetant des crédits carbones auprès d’agriculteurs du même territoire. 

Leur engagement trouve alors un sens au plus près de leur environnement immédiat.

Qu’est-ce que ce label apporte aux coopératives ?

Si la demande de matières premières plus durables et locales s’impose progressivement dans le paysage français (comme le laisse présager les récentes études) les coopératives trouveront dans nos fermes labellisées ACS une source d’approvisionnement répondant aux attentes du marché. Si elles sont prêtes à reconnaitre la valeur de notre mode de production et qu’elles parviennent à l’intégrer dans leur approvisionnement, nous pourrons alors ensemble bâtir des relations commerciales équilibrées, qui répondront aux attentes de valorisation économique des agriculteurs en ACS.

Quel tonnage de produit pouvez-vous nous fournir ?

Nous pourrons parler tonnage de produit lorsque nous aurons atteint un nombre de labellisés qui permettra d’enclencher des approvisionnements en ACS pour les industriels. C’est la prochaine étape. Pour le moment, nous devons nous concentrer sur la labellisation des fermes en ACS.

Pour des acteurs de l’industrie agro-alimentaire qui sont sur des volumes restreints d’approvisionnement, ou qui cherchent à adopter des démarches d’approvisionnement local, des partenariats peuvent être montés rapidement pour aligner l’offre et la demande, en partant des productions disponibles chez les agriculteurs labellisés.

Comment être sûr que ce label répond aux attentes sociétales actuelles et futures ?

Nous avons fait une étude qui montre que les citoyens sont en attente d’un virage de l’agriculture, leur défiance vis-à-vis de l’agriculture française actuelle est croissante. Ils sont en attente d’une agriculture qui allie production et protection :

  • De façon très majoritaire (à 85,3%) les Français sont prêts à soutenir les efforts des agriculteurs engagés dans la préservation de l’environnement. 
  • Pour 77% des Français, agriculture et protection de l’environnement sont tout à fait compatibles, mais cela nécessite un changement de pratiques des agriculteurs.

Notre label permet de réconcilier agriculture et environnement, agriculteurs et citoyens : 

  • De nombreuses personnes sont favorables à l’Agriculture de Conservation des Sols : 62% y accordent une note d’intérêt de 8 à 10. 
  • Parmi les enjeux visés par l’Agriculture de Conservation des Sols, ceux qui intéressent le plus les répondants sont : pour plus de la moitié la préservation de la biodiversité et pour 40,5% la préservation de la qualité de l’eau. Enfin le troisième enjeu le plus plébiscité est la lutte contre le réchauffement climatique par le stockage de carbone dans les sols (36,5%)

La démarche de labellisation de leur ferme en ACS par les agriculteurs est soutenue par plus de 68% des citoyens, qui lui accorde une note d’intérêt de 8 à 10)

De quoi avez-vous besoin pour développer ce label en France ?

Développer ce label, c’est aussi développer plus globalement l’ACS. Nous avons la conviction que c’est grâce à la valorisation économique de ce mode de production de ceux qui portent depuis des années cette agriculture et en s’appuyant sur leur réussite que le reste des agriculteurs trouveront naturellement le chemin vers l’ACS. Pour faire cela nous avons besoin :

  • De financement, pour structurer tout le dispositif lié à la mise en route de ce label (audit, labellisation, communication).
  • De partenaires financiers pour rémunérer les agriculteurs labellisés, dans un pas de temps rapide : collectivités (à travers des projets type PSE), entreprises (qui cherchent à compenser leurs émissions de carbone), les IAA (qui trouverons avec ce label de nouveaux débouchés) ...
  • D’appui technique, pour perfectionner le système de production et trouver des optimisations agronomiques.

Ainsi que de soutiens institutionnels et médias, pour mettre l’ACS sur le devant de la scène.

Quelle est la valorisation économique des produits ACS grâce à ce label ?

Nous procédons par étape : d’abord mettre en place les conditions pour identifier le plus de fermes possibles en ACS. Ensuite permettre grâce à cela des valorisations économiques, qui passeront soit par un prix de vente plus cher de nos produits aux coopératives/industriels, soit par la structuration de transformation/distribution par les agriculteurs, soit par la rémunération pour les services rendus par des collectivités territoriales voir des entreprises des territoires.

Nous nous sommes fixés des objectifs précis sur 2020/2021, qui verront le jour concrètement en fonction de la mobilisation des agriculteurs à nos côtés dans tous les territoires.

Combien coûte le label à l’agriculteur ?

Nous ne parlons pas de cout, mais d’investissement. Il nous semblait important de lier la labellisation à cet investissement, car nous avons été trop souvent par le passé habitués à des pratiques qui consistent à nous utiliser pour crédibiliser des démarches commerciales qui n’avaient pas de sens ni de valeur pour nous, agriculteurs.

Pour contribuer à la réussite de ce label, on vous demandera d’investir 500 euros la première année puis 150€ en années 2, 3 et 4.  Au total, pour les 5 ans, l’investissement est de 950€, soit 190 euros par an. Ayant conscience que dans certaines situations cet investissement peut-être trop lourd à amener d’un coup, un lissage Est désormais proposé aux agriculteurs sur demande. Dans ce cas, l’agriculteur devra payer 200 euros par an, pendant 5 ans, avec un prélèvement automatique. Dans cette deuxième option, le coût total sera donc un peu plus élevé au global (1000 euros pour 5 ans).

Chaque labellisé a investi dans ce label parce qu’il y croit, c’est pour nous un gage de réussite sur la durée. 

Est-ce un label officiel ? Ce label a-t-il un lien avec la PAC ?

Ce label est un label purement privé qui n’appartient qu’aux agriculteurs. Il n’y a aucun lien structurel avec une certification officielle. Nous avons mis en place un process d’audit interne qui assure la transparence et le suivi des labellisés.

Dans le cadre de l’évolution de la future PAC, ce label pourra toutefois servir à assoir des éco-schemes du futur pilier 1, et permettre des rémunérations pour services environnementaux en parallèle. Mais nous avons encore le temps pour cela, au regard des négociations en cours.

Si c’est un label privé d’agriculteurs, il est par contre évident qu’il associera, dans son déploiement et sa concrétisation vers des rémunérations, de nombreux acteurs volontaires pour nous soutenir (entreprises, acteurs du territoire).

Il est important de noter également que le Ministère de l’Agriculteur soutient depuis 2017 le lancement de ce label, à la fois institutionnellement mais aussi financièrement. Cette reconnaissance et cet appui est évidemment un gage important de sa réussite, sur le long terme.

Comment est géré ce label ?

Le label appartient à l’APAD et chaque agriculteur labellisé en est le co-propriétaire.

Un comité de pilotage a été structuré début 2020. Il est composé exclusivement d’agriculteurs, issus de chacune des associations du réseau APAD, Ce sont ces agriculteurs (et agricultrices !) qui valident chaque année les critères utilisés dans le référentiel du label. Ils tranchent aussi sur les aspects stratégiques et légaux lié au label.

Un process de contrôle externe va être mis en place pour assurer une transparence et une fiabilité des labellisation. Les audits sont réalisés en interne, via des salariés de l’APAD, puis c’est leur méthodologie qui fait l’objet d’un contrôle externe, neutre et impartiale.

L’APAD réfléchis aussi à une évolution vers la structuration juridique plus adaptée à ce que nous voulons porter collectivement.

Je suis agriculteur en ACS en Normandie. Je fais partie d’un groupe de développement GEDA. Je souhaiterais être labellisé.

Notre label a pour vocation de reconnaitre les fermes en ACS engagées dans des démarches collectives, auprès des associations de l’APAD. Si vous avez déjà un groupe d’agriculteurs constitué sur votre territoire, ce groupe peut rejoindre le réseau APAD en devenant membre, sous réserve de vous retrouver dans les valeurs et les objectifs associatifs de l’association et d’en porter les actions sur votre territoire.

D’ici 2021, il sera possible aux groupes non-membres du réseau APAD d’établir des partenariats pour que ses membres puissent avoir accès au label.

Je suis agriculteur en ACS en PACA, je ne suis pas membres d’un collectif d’agriculteur localement (ni APAD ni autre).Je souhaiterais être labellisé, est-ce possible ? Comment procéder ?

Notre label a pour vocation de reconnaitre les fermes en ACS engagées dans des démarches collectives, auprès des associations de l’APAD. Pas pour rajouter une contrainte supplémentaire, mais bien car nous sommes convaincus, depuis longtemps, que c’est par une démarche de groupe que les agriculteurs progressent, apprennent des erreurs et des réussites des autres. C’est l’ADN de l’APAD.

L’obtention du label est indissociable de l’approche collective, de rencontre terrain, de formation. Cela fait partie du référentiel dans lequel s’engagent les labellisés. Favoriser cette démarche, en étant actif sur son territoire, est le prérequis avant de vouloir être labellisé.

S’i il existe déjà un groupe d’agriculteurs ACS constitué sur votre territoire, nous vous conseillons de vous rapprocher de ce groupe. Si ce groupe n’est pas membre de l’APAD, il pourra faire le choix de rejoindre le réseau APAD en devenant membre, sous réserve de se retrouver dans les valeurs et les objectifs associatifs de l’association.

D’ici 2021, il sera possible aux groupes non-membres du réseau APAD d’établir des partenariats pour que ses membres puissent avoir accès au label.

Si vous n’avez pas encore de groupe d’agriculteurs constitué, nous vous recommandons de vous rapprocher d’autres agriculteurs individuels près de chez vous pour amorcer une démarche de groupe.

Je suis agriculteur en ACS et membre d’un groupe APAD. Comment obtenir le label ?

Vous pouvez contacter le responsable régional de votre association, qui vous intégrera dans le plan d’action local d’obtention du label. Cela vous engagera à suivre la démarche du groupe d’agriculteurs, de vous former auprès de lui, de piloter des indicateurs avec les autres agriculteurs engagés.

Un auditeur APAD vous contactera pour réaliser chez vous un audit. Si vous répondez aux critères pour être labellisé, vous en deviendrez copropriétaire. Le label vous sera accordé pour 5 ans.

Je suis agriculteur en TCS, puis je avoir accès au label ?

Ce label a pour vocation de reconnaitre la mise en place de l’ACS. Mettre en œuvre les 3 piliers est un impératif.

Toutefois, ce label ne se veut pas discriminant, il veut reconnaitre la démarche de progrès. Nous avons intégré les contraintes techniques liées à certaines cultures (Comme les cultures légumières ou certaines cultures de printemps) ou la gestion d’épisodes ponctuels et exceptionnels (sangliers, mauvaises conditions de récolte...). Mais il ne serait pas logique de l’accorder à ceux qui cultivent majoritairement leur ferme en TCS ou qui n’ont pas vocation à mettre en œuvre l’ACS à chaque fois que cela est possible.

Nous avons donc conçu ce label comme une opportunité de réussite, qui permet aussi de tracer la trajectoire pour les agriculteurs qui considèrent l’ACS comme un objectif. Le label sera un outil pour les agriculteurs en TCS qui souhaitent amorcer leur transition = il sera le socle pour de la formation, de l’appui collectif, la mise en place de plan d’action individuel...

A quel type de fermes s’adressent ce label ?

L’ACS n’est pas réservé à un type de production ou à une typologie de ferme. Elle s’adresse à toutes les tailles de fermes, dans toutes les conditions pédoclimatiques. Elle doit par contre être adaptée à la diversité des fermes, dans la réalité pédoclimatiques et agronomiques dans laquelle évolue chaque agriculteur.

Ce label permettra d’intégrer la diversité des fermes avec une cohérence système, sur l’ensemble des territoires, sans opposer les types de fermes. Nous n’avons pas pour vocation de réserver ce label à une élite ou à un certain type de production. Nous avons élaboré le référentiel de labellisation avec des agriculteurs céréaliers, en polyculture élevage, en cultures industrielles. Des adaptations du référentiel sur d’autres types de production (arboriculture, viticulture etc..) est en réflexion pour les prochains mois.

Ce label doit être vecteur d’inclusion, pas d’exclusion. Il doit permettre une forme de réconciliation aussi au sein des agriculteurs entre eux, en les unissant par les résultats environnementaux et économiques produits.

Quel lien entre ce label et le stockage de carbone/empreinte carbone ?

L’ACS permet de stocker 46% de carbone en plus que l’agriculture conventionnelle. Plus l’ACS se développera en France et plus son empreinte carbone diminuera. Ce label a pour vocation d’enclencher plus rapidement la transition vers l’ACS pour que de 2% des agriculteurs aujourd’hui elle en concerne 4% demain. Nous visons d’ailleurs d’arriver, notamment grâce à la perspective de rémunération supplémentaire offerte par ce label, à 10% des agriculteurs en ACS d’ici 2025.

Y’a-t-il une plus-value nutritionnelle aux produits issus de fermes ACS ?

Il existe des études qui démontrent qu’un sol en meilleur santé produit des matières premières avec une qualité nutritionnelle plus importante. Toutefois, nous n’avons pas de données suffisamment solides pour l’affirmer pour ce qui concerne l’ACS. Nous avons pour projet d’analyser le profil nutritionnel de nos blés ou autres productions ; cela sera rendu possible si des partenaires financiers et de recherche se joignent à nous.

Nous avons déjà enclenché des travaux à ce sujet et nous espérons pouvoir les rendre concrets rapidement.

Le glyphosate va disparaitre dans 2 ans. Est-ce que ça sera un frein pour ce label ?

La suppression possible du glyphosate est évidemment un enjeu pour nous. Sans cet outil, les mauvaises herbes devront être détruites par un travail du sol ou par des combinaisons de produits phytosanitaires moins efficaces et plus couteux. Nous avons mis en place des essais sur plusieurs territoires pour étudier les leviers agronomiques alternatifs qui s’offrent à nous, avec différentes équipes de recherche. Nous avons testé des leviers qui montrent qu’on peut réduire voire supprimer l’utilisation de glyphosate à certains moments.

Mais pour l’instant, nous n’avons pas de solution crédible qui pourrait permettre de se passer complètement de glyphosate dans toutes les conditions pédoclimatiques, sur la durée. Si le glyphosate devait disparaitre à court ou moyen terme, nous ferions évidemment évoluer le référentiel du label.

Nous savons que le gouvernement a identifié l’ACS comme une impasse et nous nous tenons à sa disposition pour réfléchir aux options qui s’offrent à eux pour prendre des décisions adéquates.

Je suis labellisé. Comment obtenir une plus-value pour mes productions ?

Le label permet de poser un cadre pour valoriser les productions des labellisés.

Avec l’appui des équipes APAD et l’action de votre association locale, des projets de territoire avec des collectivités ou entreprises ou des partenariats avec des acteurs privés des filières pourront permettre une rémunération économique de votre mode de production.

Cela fait partie des enjeux de ces 2 prochaines années, indicateurs de résultat du succès de ce label.

Nous devons toutefois raisonner par étape = la première est de faire reconnaître ce label à des partenaires. Cela sera rendu possible si de nombreux agriculteurs s’y reconnaissent et s’y engagent dès 2020.

Je suis labellisé, comment faire pour négocier avec les coopératives pour valoriser mes productions ?

Cette étape interviendra lorsque nous aurons pu mettre sur place des partenariats solides avec des Industriels de l’Agro-Alimentaire ou des coopératives, et que ces acteurs reconnaîtront la valeur de notre mode de production.

Votre négociation sur le prix de vente de vos productions pourra alors prendre le relais, comme la suite logique. Un travail avec les coopératives pourra être mené dans ce second temps, pour mettre en place pourquoi pas des filières dédiées. Nous avons beaucoup de travail devant nous.

Chaque agriculteur labellisé devra s’engager pour porter notre projet collectif auprès de ses interlocuteurs. Nous ne sommes qu’au début du chemin.

Comment ferez-vous pour éviter de perdre la main sur ce label comme les agriculteurs bio ont perdu la main au profit de la grande distribution ou de l’industrie agro-alimentaire ?

Nous avons volontairement un positionnement de label « ferme », et pas de label « produit ». En face de ce label, nous avons mis des engagements de mobilisation territoriale qui permettront d’assurer que les agriculteurs soient toujours au centre de cette reconnaissance.

Le fait que le label appartienne en copropriété aux agriculteurs, et ne soient pas un label officiel ni issu de l’aval, est un gage pour éviter de perdre le lien entre l’acte de production et l’acte de consommation. L’acte de transformation et de distribution n’étant plus qu’un intermédiaire.

Quels sont les liens entre ce label et les institutions agricoles (syndicats, chambres d’agriculture) et les coopératives ?

Ce label est avant tout un label qui appartient aux agriculteurs pionniers qui se sont lancés dans l’ACS sans l’appui structuré des acteurs institutionnels. Aujourd’hui, on pressent que les institutions agricoles classiques sont en train de mettre en place les conditions favorables pour accompagner le développement de l’ACS. C’est une très bonne nouvelle. Ce label permet d’ouvrir la voie à une structuration plus massive.

Nous nous voyons comme les 1ers de cordée à l’escalade : nous assurons le succès de ceux qui suivent, en mettant en place les conditions favorables. Lorsque les instituts techniques et les acteurs traditionnels du monde agricole auront pris le relais efficacement, nous saurons que nous aurons réussi la mission que nous nous étions fixés.

Le label n’est qu’un outil qui permet d’assurer les agriculteurs qui s’engagent dans cette nouvelle voie et qui favorisera à terme le déploiement plus massif de cette agriculture, jusqu’à, nous l’espérons, sa généralisation.

Ce label est-il soutenu par le Ministère de l’Agriculture ?

Le ministère soutient l’APAD depuis 2016, à travers une convention annuelle. L’APAD est également chef de file d’un projet « Réseau Rural ACS », soutenu par le ministère, le CGET et les fonds européens FEADER. Ce projet rassemble de nombreuses associations d’agriculteurs dans différents territoires.

C’est grâce à cet appui financier, dans le cadre de ces projets, que le label a pu voir le jour.

Pour en assurer le déploiement, il faut désormais que les acteurs économiques et les collectivités prennent le relais en favorisant les rémunérations aux agriculteurs et l’appui financier au développement du dispositif.

Et pourquoi « Au Cœur des Sols » ?

La réflexion s’est amorcée avec un groupe d’agriculteurs pilote, dans l’ouest de la France. Il y a eu beaucoup d’aller-retour, beaucoup de propositions de la part des agriculteurs. Nous avons également fait travailler une agence de communication, pour nous aider à penser différemment, à identifier également vers les attentes actuelles des consommateurs.

Nous voulions un nom que les agriculteurs soient fiers de porter, d’incarner. Qui leur parle d’abord à eux et qui soit logique par rapport au projet qu’ils portent. Nous voulions que ce nom exprime notre engagement, nos convictions, qu’il joue sur l’émotion. Qu’il soit source d’espoir pour les consommateurs.

A chaque proposition, les agriculteurs du groupe votaient. Aucune proposition ne faisait consensus, ne s’imposait à tous naturellement, ne provoquait le fameux effet « Waouh ». Un soir, sur notre groupe WhatsApp dédié à ce sujet, « Au Cœur des Sols » a été proposé. Il a tout de suite été adopté par tous. Ce qui plaisait aussi ce sont ces initiales « ACS » = en ligne avec les initiales de notre mode de production. Ce nom a ensuite été proposé aux autres agriculteurs du réseau. Puis testé auprès d’un panel de 1500 consommateurs. Ce nom est arrivé en tête du sondage.

Le logo a été travaillé par la fille de l’un des agriculteurs, jeune étudiante en graphisme, et le frère d’un autre, graphiste professionnel.

Nous sommes très fiers de cette identité de marque, qui nous parlent à nous, agriculteurs, mais aussi à de nombreuses personnes qui nous ont félicité pour ce choix ! Merci à tous ceux qui nous ont aidé dans notre réflexion, qui ont pris de leur temps pour nous épauler, qui ont mis leur expertise au service de notre projet un peu fou !